Présidentielle 2022 : chaud devant !

Election

Présidentielle 2022 : Eric Zemmour

Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.

Portrait d’Eric Zemmour, candidat à l’élection présidentielle 2022

 éric Zemmour 

Z comme zéro écolo

Sa vision de l’écologie

C’est simple, Eric Zemmour n’a tout simplement pas de vision de l’écologie. Obsédé par sa propre rhétorique sur le fantasme d’un « grand remplacement », il passe complètement à côté des grands enjeux environnementaux et climatiques. Les rares fois où le polémiste d’extrême-droite parle de ces sujets dans son programme ou ses interventions publiques, c’est pour les instrumentaliser au service d’une vision rétrograde, sclérosée et nauséabonde de la société : l’écologie chez Eric Zemmour, c’est la préservation des paysages français pour les « bons Français ». A la fois ras des pâquerettes et xénophobe.

Eric Zemmour est également capable de remettre en cause la responsabilité climatique de la France, alors que l’empreinte carbone moyenne d’un·e Français·e, c’est-à-dire l’impact climatique de ce que l’on consomme, est bien supérieure à la moyenne mondiale ; et que la France porte aussi une responsabilité historique très lourde en termes d’émissions de CO2 cumulées depuis la révolution industrielle.

Eric Zemmour ne s’attaque pas aux causes structurelles de la crise écologique et climatique, et fait miroiter, comme d’autres, les mirages technologiques ; des solutions qui ne suffiront pas, voire pire, qui sont dangereuses ; il passe également complètement à côté de l’enjeu de sobriété. Il n’est pas du tout à la hauteur sur la question de la régulation des entreprises polluantes et de transformation des secteurs polluants comme l’agriculture et les transports. Il freine la sortie des énergies fossiles (pétrole et gaz) et porte un positionnement particulièrement rétrograde, et dangereux, dans le débat autour du futur énergétique de la France.

Enfin, il passe aussi largement à côté de l’enjeu majeur de préservation de la biodiversité.

Le pire de son programme

Eric Zemmour déploie beaucoup d’énergie à dénoncer « l’écologie punitive », mais il ne propose rien pour mettre à contribution en priorité les ménages les plus fortunés et les grandes entreprises qui polluent le plus ni pour accompagner les ménages les plus fragiles et les travailleur·ses dans la transition écologique.

Autre exemple de la faiblesse de son logiciel : il se positionne sur la logique d’une agriculture « high-tech », alors que la promotion de nouvelles technologies, à l’échelle globale, ne permettra pas d’inverser la logique d’un système agricole qui marche sur la tête. Pire, ce choix du « tout technologique » contribue à l’érosion du nombre d’exploitations et d’agriculteurs, à une intensification des exploitations et une érosion de la biodiversité, et à une dépendance des agriculteurs aux intrants, aux énergies fossiles, aux matériaux et terres rares, et aux multinationales dépositaires de brevets ou aux entreprises fournissant ces « nouveaux » services high tech.

De plus, le candidat-président défend la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR, faisant fi des échecs précédents, des incertitudes sur la technologie, des coûts, des risques, des difficultés de gestion des déchets radioactifs et des délais, bien trop longs pour répondre à l’urgence climatique. Et, dans le genre propositions dangereuses, le candidat ne s’arrête pas là : il propose carrément d’imposer le nucléaire en Europe et de mettre fin aux projets d’éoliennes à terre comme en mer, alors que tous les scénarios crédibles permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050 montrent qu’il sera nécessaire d’accélérer fortement le développement des énergies renouvelables, notamment l’éolien.

Il propose aussi de revenir sur les mesures existantes visant à nous sortir du tout-voiture (par exemple la limitation des vitesses de circulation), alors que c’est indispensable à la fois pour les enjeux sanitaires liés à la qualité de l’air et pour le climat.

Inversement, il passe sous silence beaucoup d’enjeux clés : rien sur les nouveaux OGM, sur la nécessité de produire et consommer moins de produits d’origine animale ou sur la sortie de l’élevage intensif ; rien sur la régulation du secteur automobile et du transport aérien et très peu sur le développement des alternatives aux modes de transports polluants ; rien sur la réhausse des objectifs climatiques de la France ou sur la dépollution des flux financiers ; rien sur la déforestation importée ou rien de sérieux sur la protection des océans – la vérité, c’est que, quand le sujet des océans est abordé dans son programme, ce n’est pas très clair, mais on comprend quand même qu’il entend défendre une vision productiviste (surpêche, exploitation minière) qui ne fera qu’aggraver la crise de biodiversité marine.

Le meilleur de son programme

On peut trouver dans son programme quelques très rares idées individuellement pertinentes d’un point de vue écologique (soutien à l’agriculture bio par exemple) mais sans colonne vertébrale ou vision globale cohérente qui donnerait sens à ces propositions. Et rien, strictement rien, qui ne puisse faire oublier son projet de société à l’opposé de celui souhaité par Greenpeace.

Et la famille (politique), ça va ?

Comme pour les autres candidats et candidates, nous avons voulu regarder comment la « famille » politique d’Eric Zemmour s’est comportée à l’Assemblée nationale pendant le dernier quinquennat, sur quelques votes clés sur l’écologie et pour lesquels les scrutins étaient publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que le candidat devrait composer pour gouverner s’il était élu.

Pas de députés ou de groupe parlementaire « Reconquête » lors du précédent quinquennat, dont nous aurions pu regarder comment ils se seraient comportés à l’Assemblée nationale sur quelques votes de ces dernières années sur l’écologie. A noter cependant que le mouvement d’Eric Zemmour draine dans son sillage des responsables politiques d’extrême-droite issus du Rassemblement national. Nous vous invitons donc à aller voir comment se sont comportés les député·es « Rassemblement National » pendant le précédent quinquennat.

Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.

Notre petit conseil

Il va falloir reprendre les bases de la lecture dès maintenant, M. Zemmour. Au programme : rapports du GIEC, rapports sur les systèmes énergétiques 100% renouvelable (Ademe, RTE, CNRS/Cired, Négawatt…), rapport de la Cour des comptes sur le fiasco de la filière nucléaire EPR… La liste est longue et devrait en fait même commencer par la base de la base : la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.

Une analyse du programme d’Eric Zemmour sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.

Voir les autres candidat·es

Aperçu de tous les candidats et candidates

Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.

Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.

Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.